Les jeunes, la crise sanitaire et l’environnementalisme. Quels liens et quelles opportunités ?


La récente période pré Covid-19 a été caractérisée par de nombreux mouvements environnementaux portés principalement par des jeunes. Lors de cette période de confinement, ceux-ci ont dû s’arrêter. Que va-t-il se passer après la crise sanitaire ? Les jeunes recommenceront-ils à se mobiliser afin d’exprimer leur opinion ou seront-ils freinés par la situation de confinement vécu ? Selon des experts de la jeunesse, les mouvements environnementalistes peuvent nous apporter des pistes de réflexion afin de ré-encourager les jeunes à prendre une part active dans la société. Effectivement, les jeunes qui participent aux manifestations pour le climat présentent des points communs. Par exemple,  se sentir représentés par une personne modèle telle que Greta Thunberg ou Adélaïde Charlier. Pouvons-nous relancer la participation active des jeunes sur d’autres thématiques sociétales grâce à d’autres personnes de référence ?

La période de confinement que nous vivons actuellement n’est pas la plus propice pour valoriser la participation des jeunes et faire entendre leur voix. Après une période de manifestations récurrentes qui prônaient la protection de l’environnement et qui favorisaient l’expression des jeunes, la crise sanitaire actuelle représente un véritable obstacle à leur participation active dans la société. Comment les associations de jeunesse peuvent-elles motiver les jeunes à se faire entendre à la fin de la crise sanitaire ?

Qu’est-ce l’environnementalisme ? Il s’agit d’un mouvement porté par des « personnes qui se préoccupent de l’environnement »[1] et qui mènent éventuellement des actions afin de le protéger. Nous avons assisté dernièrement à des mobilisations de plus en plus fréquentes de jeunes qui manifestent afin de montrer leurs inquiétudes face à l’impact des activités humaines sur l’environnement et de promouvoir l’adoption de mesures pour la réduire. Nous avons peut-être tendance à croire que c’est la première fois que des jeunes manifestent pour le climat, mais ce n’est pas le cas. Déjà à partir de 1800, au cours de la période romantique (mouvement qui mettait un focus important sur la nature), des manifestations voyaient le jour. Aussi, suite à la Révolution Industrielle, de plus en plus de citoyens s’inquiétaient de l’impact des nouvelles techniques de production sur l’environnement et commençaient à manifester dans les rues. Les révoltes estudiantines, au début des années 1970, étaient également caractérisées par des manifestations pro environnement et, pendant la même période, les premières ONG de protection de l’environnement ont vu le jour (Greenpeace, par exemple).

Les manifestations portées par les jeunes existent ainsi depuis longtemps et ont évolué au cours du temps. Mais quelles sont les caractéristiques des jeunes manifestants actuels ? Ils sont plus jeunes (la plupart sont encore au lycée, par exemple dans le cas de Fridays for Future) et manifestent via des mouvements de protection de l’environnement qui sont initiés par des ONG. De plus, les manifestations pour l’environnement prenaient avant toujours la même forme (manifestations dans la rue, dans les usines). Désormais, elles se diversifient. En France par exemple, moins d’écoles sont impliquées dans des manifestations, mais les pétitions en ligne sont plus courantes.

Les thématiques promues sont aussi plus variées. Si pendant la Révolution Industrielle les manifestants ne défendaient « que » la pollution de l’air provoquée par les nouvelles industries, maintenant chaque manifestation peut avoir un but particulier selon les priorités locales. En Russie les manifestations pour l’environnement sont souvent strictement liées à la biodiversité locale. Le profil des jeunes manifestants d’aujourd’hui est nettement plus éclectique par rapport à celui de la Révolution Industrielle. principalement des ouvriers puisqu’ils étaient en première ligne.

Suite à ces constats, que pouvons-nous apprendre du mouvement environnementaliste ? Comment pouvons-nous assurer une place à la jeunesse dans un post Covid-19 ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord comprendre pourquoi les jeunes manifestent. Les recherches d’experts de la jeunesse intégrés à SALTO-Youth[2] essayent de nous donner quelques réponses. Apparemment, les jeunes manifestent principalement grâce à l’inspiration et à l’encouragement de personnes de référence. Le fait que ces figures soient souvent représentées par des jeunes femmes (Greta Thunberg,  Adélaïde Charlier, etc.) constitue un encouragement supplémentaire. Aussi, la possibilité d’exprimer librement son ressenti dans un espace qui est majoritairement dédié aux jeunes et l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand constituent des éléments essentiels.

Plus spécifiquement, 3 éléments en particuliers caractérisent majoritairement les jeunes manifestants pour le climat :

  1. Une expérience proche de la nature dans le plus jeune âge.

Les jeunes qui ont grandi proche de la nature ont plus tendance à se sentir concernés par les questions environnementales et à vouloir s’activer pour protéger l’environnement de l’activité humaine.

  1. Identification dans un rôle model

Il s’agit de figures inspirantes qui ont un comportement modèle. Si ces modèles sont jeunes, cela encourage davantage les autres jeunes (si elle/lui fait ça, je peux y arriver aussi !). Aussi, les enseignants, éducateurs et animateurs ont un rôle important à ce niveau : ils peuvent rappeler aux jeunes leurs droits de manifester et de faire entendre leur voix.

  1. La participation à des conférences, événements sur les thématiques environnementales.

Suite à l’analyse des éléments propres à l’environnementalisme, pouvons-nous nous en inspirer et les adapter à d’autres problématiques et enjeux pour lesquels les jeunes veulent faire entendre leur voix ? Comment encourager la participation active des jeunes à la vie politique et sociale ? En tant qu’associations de jeunesse, nous pourrions viser des jeunes militants qui sont de véritables leviers du changement et qui inspirent d’autres jeunes à manifester sur des thématiques qui les touchent. Nous avons besoin de plus de personnes qui portent ce rôle afin d’impliquer un nombre grandissant de jeunes et augmenter leur participation active. Il serait également intéressant de soutenir les jeunes à s’impliquer pour des problématiques au niveau local. Cela leur donnerait la possibilité de voir des résultats plus concrets et donc encourageants, et de se sentir au cœur du changement de la société.

Autre facteur intéressant, il existe actuellement une tendance à la confrontation entre générations où les plus jeunes reprochent aux générations plus âgées d’être responsables de la situation climatique actuelle. Même si cette affirmation n’est pas vide de sens, elle n’en est pas moins contre-productive. Afin que l’impact de nos actions soit plus efficace, nous devrions nous focaliser sur des mouvements intergénérationnels et interculturels. « Utiliser » ainsi la jeunesse pour inclure d’autres générations dans la participation active pour de bonnes causes.

Finalement, le confinement ne représenterait-il pas l’opportunité pour les jeunes de réfléchir à leur place dans la société et d’en ressortir plus fort ? Ne serait-ce pas également l’occasion pour les organisations de jeunesse de repenser leur rôle de levier auprès des jeunes et de préparer la période « post Covid-19 » ?


[1] Dictionnaire Larousse.

[2] Salto-Youth est un réseau de six Centre de Ressources travaillant sur les priorités européennes au niveau du secteur de la jeunesse. Pour en savoir plus consulter https://www.salto-youth.net/about/.

mai 7, 2020

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